Eric Sauviat
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Eric, pour commencer, peux-tu revenir sur ton parcours musical?
J'ai toujours aimé la musique. D'ailleurs, quand j'étais gamin, je chantais. Puis je me suis lancé dans l'apprentissage de la guitare à l'âge de 13 ou 14 ans. J'ai commencé professionnellement quand j'ai rencontré, à Paris, un groupe de Blues américain (Bruce Koenig Band, Nda) avec lequel je faisais des " boeufs ". Puis je suis parti en tournée, avec ce groupe, sur la Côte d'Azur.

J'en étais très content parce que j'avais 20 ans et c'était ce que j'avais envie de faire. Par la suite j'ai participé à différents projets dans un peu tous les styles. Ceci dit, étant né en 1965, j'ai toujours écouté le Rock des années 1970 et 80 en étant très influencé par les Rolling Stones, AC/DC, Led Zeppelin etc…

C'est pour cela que je vibrais au départ et c'est toujours le genre de musique que j'aime le plus jouer.
Aujourd'hui j'essaye, vraiment, de faire ce que j'aime.

La connexion avec le Blues s'était-elle faite, directement, avec ce groupe américain ou écoutais-tu, quand même, des classiques auparavant ?
Je n'ai pas vraiment cherché à remonter vers certaines origines. J'ai découvert le Blues après le groupe que j'ai cité. C'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à écouter les vieux bluesmen des années 1930 à 50. Depuis j'y reviens sans cesse…

Aujourd'hui tu joues, aussi, de la pedal steel guitar sur scène. Comment cela t'est-il venu ?
C'est un son que j'aime bien…
J'étais à la Nouvelle Orléans au mois d'avril dernier où j'ai vu, dans un magasin de musique, une pedal steel guitar à 500 dollars. Je l'ai prise et je m'y suis collé. C'est un truc que j'aime bien, sans en être vraiment un spécialiste. Je joue simplement de cet instrument, qui est une pedal steel 6 cordes avec 4 pédales, assez rudimentaire et vintage. J'aime sa sonorité mais je suis loin d'être un virtuose. Cela rajoute un petit truc, c'est une extension de la guitare comme peuvent l'être la mandoline, le dulcimer etc….
Actuellement j'en joue un peu, en tournée, avec Calvin Russell car certains de ses morceaux s'y prêtent bien.

Quand tu voyages, que ce soit à la Nouvelle Orléans ou dans d'autres pays, t'arrive-t-il de te " frotter " à des artistes locaux et de participer à des jams ?
Oui ça m'est arrivé !
J'étais à la Nouvelle Orléans avec Zachary Richard qui est un artiste local que j'accompagne depuis une bonne dizaine d'années. Il tourne, cependant, surtout au Québec…

Sinon j'ai participé à de nombreuses jams dans des Clubs à Bourbon Street. J'aime avoir des contacts un peu partout car c'est très enrichissant. Rien qu'à Paris c'est une chose régulière car il y a de nombreux musiciens qui y passent, des africains, des américains etc…
C'est toujours intéressant de rencontrer de tels gens. Même si on a peur de ne pas y arriver, on prend toujours beaucoup de plaisir à le faire et ça se passe toujours très bien.

As-tu un point de chute à Paris où tu te produits régulièrement ?
Pas beaucoup en ce moment. Depuis quelques années, j'accompagne de nombreux artistes. De ce fait, je les suit en tournée et je passe moins de temps chez moi. Le Club que je fréquentais le plus quand j'avais 20 ans était le Baiser Salé qui se trouve à côté d'un autre Club, le Sunset.
J'ai aussi joué dans un Club, à ce moment là, pendant 2 ou 3 soirs par semaine. C'était le Caf' Conc' qui n'existe plus aujourd'hui. Actuellement j'aime aller, régulièrement, à l'Utopia car j'y ai beaucoup d'amis qui y jouent.

Je reviens, aussi, parfois au Baiser Salé où j'ai joué, dernièrement, avec un groupe à tendance Funk - Rythm and Blues - New-Orleans…
Il y a des endroits qui ouvrent, d'autres qui ferment, ça bouge toujours…

Tu as accompagné Zachary Richard. J'ai un ami né en Alsace, qui vit aux USA, qui l'a aussi accompagné. Il s'agit de Freddy Koella. As-tu, souvent, l'occasion de le croiser quand tu vas aux USA et as-tu la possibilité de retrouver des amis musiciens au fil de tes voyages?
Oui et ce qui fait plaisir, c'est que les musiciens qu'on a connus dix ou quinze ans auparavant, on les retrouve toujours. Les bons musiciens sont toujours là, ils existent !
Soit ils jouent en tournée derrière des vedettes, soit ils font leur propre musique, soit ils font des Clubs…

J'ai rencontré Freddy via Zachary Richard car il avait joué avec lui auparavant. Nous avons d'ailleurs fait une superbe tournée tous les 3 en formule acoustique, Freddy y jouait aussi du violon.
Je l'ai revu, il n'y a pas très longtemps, près de chez lui à Los Angeles. J'y étais allé participer à des sessions d'enregistrement pour l'album de Johnny Hallyday ("Le coeur d'un homme", Warner/Nda). On s'est vu en studio car il y faisait aussi des parties de guitare. Nous sommes éloignés, géographiquement, mais nous nous contactons régulièrement par téléphone afin d'évoquer nos carrières respectives.

C'est quelque un que j'aime beaucoup et c'est un très bon guitariste. Le fait qu'il accompagne des gens tels que Bob Dylan ou KD Lang est, tout à fait, justifié. C'est un mec que j'admire énormément.

Avec les autres musiciens, vous arrive-t-il d'échanger des plans et de vous refiler des contacts ?
Cela m'est justement arrivé avec Freddy à une époque où il s'était coupé en tendon en faisant la cuisine. Il m'a demandé de le remplacer aux côtés de Wily DeVille lors d'une tournée en Europe de ce dernier. Cela s'est fait à l'arrache mais c'était très intéressant.

A l'inverse, Freddy a fait quelques concerts en Amérique avec Zachary Richard lorsque le nombre de dates ne justifiait pas que je me déplace jusqu'à là.

Peux-tu revenir sur l'enregistrement de l'album de Johnny Hallyday?
Johnny Hallyday et son équipe ont reçu, pour cet album, beaucoup de morceaux de différents auteurs et compositeurs. Son directeur musical, Yvan Cassard, s'est proposé de faire des maquettes pour les morceaux qu'il avait composés avec Laurent Vernerey. Il m'a contacté pour faire l'enregistrement de ces maquettes, tout comme Greg " Zlap " Szlapczynski, Slim Batteux, Claude Engel dans un studio parisien pendant 3 jours.

Il a soumis le projet à Johnny Hallyday qui a beaucoup aimé le résultat. De ce fait, il a voulu que les gars qui participaient aux maquettes aient, aussi, leur place sur l'album et nous a proposé de le rejoindre à Los Angeles. Je l'ai su 2 ou 3 semaines après avoir fait les maquettes, j'en étais très heureux et touché.

Je suis donc parti dix jours avec le batteur et percussionniste Denis Bennarosch qui avait aussi participé aux maquettes. C'était vraiment " cool ", cela m'a permis de rencontrer des gens comme Taj Mahal, Keb Mo' etc…
J'ai fait des prises avec eux et même si tout n'a pas été retenu je me suis vraiment bien amusé. C'était super " cool " !

Comment se sont passés les contacts avec Taj Mahal ou Keb' Mo', est-ce qu'on apprend beaucoup auprès de telles personnalités ?
Oui, de toute façon, on apprend toujours. Ce que j'en retiens c'est une grande émotion. Ce sont ces gens qui font la musique américaine qu'on aime…

Quand j'ai enregistré avec Taj Mahal et que je l'écoutais jouer l'émotion était vraiment énorme. Même si, techniquement, cela peut paraître très simple.
C'est une chose qui m'a beaucoup touché…

Quelles sont tes autres grandes rencontres dans le milieu musical ?
J'ai accompagné Francis Cabrel sur une tournée et participe au prochain album qu'il sortira bientôt. A ce jour il en est au mixage. C'est un auteur - compositeur génial. Avec lui il y a toujours des superbes parties de guitare à faire. Même s'il y a 60 ou 70% de ballades dans ses disques, les ambiances sont, toujours, très intéressantes.

Quand je suis arrivé, il y avait des musiciens comme Bernard Paganotti (basse) et Denis Bennarosch (batterie) qui l'accompagnaient depuis plus de quinze ans. Il suffisait que je connaisse les accords pour me " poser " dessus. C'était du " pur bonheur "…

As-tu d'autres rêves de collaboration ?
Il y a toujours des choses que l'on écoute et qu'on adore. Actuellement je suis très admiratif de l'album de Robert Plant et Alison Krauss, je le trouve génial…
Après je ne sais pas…

La vie nous porte et nous mène vers telle ou telle personne et à un moment il se passe quelque chose. Je ne prémédite rien…
L'essentiel est d'avoir la chance de faire ce métier et d'en vivre. Je croise les doigts pour que cela continue…

Puisque tu accompagnes, actuellement, Calvin Russell. Peux-tu revenir sur le personnage et votre rencontre ?
Je connaissais son manager, Didier, via le groupe dont j'étais membre il y a une quinzaine d'années, Daran et les Chaises. Il avait besoin d'un guitariste, au pied levé, pour remplacer celui de Calvin qui venait de tomber gravement malade sur une tournée acoustique. Il m'a contacté et quelques heures plus tard j'étais sur scène avec Calvin. Je ne connaissais pas les morceaux, en dehors de Crossroads.

Comme le mec avait l'air sympa, j'ai accepté. Cela s'est super bien passé. Notre première rencontre s'est déroulée, dans les loges, 15 minutes avant de rentrer sur scène . Puis nous avons fait deux autres concerts ensemble…
Cette histoire a commencé en 2000 et ça me fait très plaisir de le revoir, ici, en tournée et d'avoir été sollicité pour faire le " truc " !

Tout au long de cette carrière et de ces rencontres, quel est ton souvenir le plus marquant. As-tu une anecdote à me raconter ?
Pas évident (longue hésitation, Nda)…
Ce qui était drôle, c'était de remplacer Freddy Koella pour quelques concerts de Willy De Ville en Europe et de se retrouver 2 ou 3 semaines après contacté par Michel Fugain pour faire un album de Sardou (rires). Je me suis dis " je passe de Willy DeVille à Michel Sardou… " !

J'ai donc participé à quelques sessions pendant 2 ou 3 jours et je suis sur ce disque qui, par ailleurs, n'a absolument pas marché. Je crois qu'il sourit sur la pochette, ça doit être pour ça (rires) !
C'est une expérience comme une autre. C'est ça la vie de musicien, aller d'une expérience à une autre même s'il est sûr qu'il y a des choses que l'on préfère… C'est marrant…

Quels sont tes projets, aurais-tu envie de reformer un groupe à toi ?
J'ai quelque chose en route. Je suis allé dans un studio pour faire quelques chansons…
Pour l'instant c'est, un peu, " dans l'oeuf " mais j'en ai, tout de même, enregistré quatre.
C'est dans un registre plutôt Blues et assez acoustique…

Sinon j'ai d'autres projets d'accompagnement d'artistes. Quand il y a des gens que j'aime et que j'admire qui me contactent, je ne peux pas refuser…
Par exemple, je suis sollicité pour faire la tournée de Johnny qui commencera en 2009 et ce sera, si ça se fait, beaucoup de travail. J'aimerais, aussi, continuer à accompagner Francis Cabrel que j'adore…

Je vais essayer de concilier les choses mêmes si après cela il m'est difficile de garder un peu de temps pour moi. Ceci dit c'est dans ma tête, donc, je pense que ça viendra…

As-tu une conclusion à ajouter ?
Merci beaucoup, ça me touche énormément que l'on fasse une interview de moi…
Je n'en ai pas l'habitude mais la musique est une chose qui fait " triper " tellement de gens que ça me fait très plaisir d'avoir l'occasion d'en parler. Il se passe des choses et il faut avoir envie de faire ce métier car ce n'est pas toujours facile. On a beau savoir bien jouer, on peut se faire virer…

Quand je suis derrière ma guitare j'oublie tout, je suis content d'être là et je suis là pour ça…

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Interview réalisée
au Noumatrouff de Mulhouse
le 4 Décembre 2007

Propos recueillis par
David BAERST et Jean-Luc

En exclusivité !

 

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